vendredi 25 avril 2014

géomètrie variable

cette semaine sans enfants, événement rare, a été l'occasion de sortir tous les soirs. je me rends compte à quel point cela m'a fait du bien alors que je vais les récupérer demain et qu'ils commencent à me manquer fort. 
quand je réfléchis, je me rends compte que ces sorties m'ont fait traverser le XXe siècle avec un film et une exposition chacun dotés d'une esthétique à géomètrie variable, une sorte de grand écart plastique. 

j'ai commencé par une gourmandise: "the grand budapest hotel" dont tout le monde me disait le plus grand bien et dont seule l'affiche aiguisait mon appétit kitsh et baroque d'éternelle enfant.

j'ai vraiment passé un excellent moment mais surtout d'un point de vue esthétique, en fait. moi qui suis sensible à cette vieille europe disparue dont parle le film (tiré d'une nouvelle de stéphane zweig, un auteur que j'adore, pourtant), je n'en retiens que la puissance des images, de la lumière et des décors incroyables (et du casting de dingue aussi) dont wes anderson nous abreuve, comme d'une énorme patisserie guimauve. je ne m'en plains pas car c'est vraiment un régal des yeux et j'encourage vraiment à aller le voir sur grand écran mais je ne suis pas sure d'en garder un souvenir impérissable bien qu'il m'ait donné envie de voir "la vie aquatique" que j'ai loupé au moment de sa sortie et de revoir ses films pour leur ambiance.


en montant les escalators de beaubourg
et puis il y a eu  henri cartier bresson au centre pompidou en nocturne (je conseille vivement d'aller voir les expos à 20h, c'est bien plus agréable qu'en journée niveau fréquentation). 
je suis rarement happée par une expo, en particulier de photos dont la plupart sont des petits formats. mais tout à coups, je me suis réveillée au beau milieu de l'expo à chercher mon homme que j'avais perdu, tellement le sujet, l'histoire du personnage et son travail m'avaient happé. cela ne m'arrive pour ainsi dire jamais.
je ne savais pas que cartier bresson avait démarré (et aussi terminé finalement) par la peinture. ses premières photos datent seulement de 1930 en afrique. loin des clichés touristique ou colonialistes, il nous conduit ensuite dans le monde, avec expo labyrinthique à travers le siècle. on y croise le destin de surréalistes qui ont influencé son travail en lui donnant une dimension très "géomètre du hasard", mais aussi le destin des gens du parti communiste, des gens du peuple dont on sent la proximité à travers ses images. à londres ou il était envoyé en reportage pour le couronnement du roi, il revient avec des photos du peuple qui se tient à l'envers du cortège pour mieux voir à travers des appareils "jumelles" dotés d'un jeu de miroir. cartier bresson voit avec ce reportage de dos tournées tenant leur petites boites optiques, comme une irrévérence au pouvoir; c'est tout simple et c'est grandiose. 

tout est une mine de trouvaille, d'intelligence, de curiosité et de liberté. 
cette exposition m'a enchanté. allez-y!

© henri cartier bresson
© henri cartier bresson





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